lundi 23 juillet 2007

Elle traverse l'Europe avant l'invention du train

Dans ce jardin d'une datcha de la famille Brocard, tranquillement assise sur ce banc de bois brut, ourlé de fonte, se repose un instant tante Mina Koch. Le visage de cette femme volontaire est admirable dans ses traits où se lisent autorité, compassion et générosité. Ses bras dessinent comme les arceaux d'un berceau où tous les enfants Brocard ont été bercés et élevés au fil de sa vie. Le jeu de composition souhaité par le photographe ne manque pas d'intérêt. Bien que néophyte en la matière je reste séduit par l'habilité des mouvements horizontaux suggérés par le banc, verticaux par les arbres au fond qui posent l'ensemble. Le personnage volontairement au centre répond par les teintes à la boule miroir en arrière plan et suggère de façon implicite le parcours de cette femme, tout ce qu'elle a pu voir, défiler, accompagner au cours des années, comme s'il s'agissait du reflet de sa propre mémoire. Les arbres comme dans une fine brume en arrière plan soulignent comme les contes Russes et autres petites histoires fantastiques que cette dame devait raconter aux enfants au couché. Tante Mina faisait partie de la famille. Née en Saxe, elle accompagne sa soeur mariée à Monsieur Heinrichs, dans les Iles Solovietski, autour de la mer Blanche, qui avait comme métier celui de chasseur d'ours blanc et d'empailleur. Elle s'installe ensuite avec eux à Arkanglesk, avant les voies de chemin de fer vers 1827.
Ensuite elle rejoindra sa nièce Charlotte Raway (fille de sa soeur Caroline Koch épouse de Thomas Raway). Charlotte était l'épouse d'Henri Brocard. Tante Mina s'est éteinte en 1897, quelques années avant Henri Brocard. Je ne sais si aujourd'hui quelqu'un pense à elle. Il faudra sans doute remercier une grand-mère Ferrand qui indiquait en trois lignes quelques légendes autour d'un photo. Et internet prolongera ainsi la mémoire des anciens.

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